raphael Contact public
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Posté le: Jeu 14 Aoû 2008 10:30 Sujet du message: Miracle à l'Inra |
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"Le passage d'un mode de production conventionnel à un mode de production biologique a un effet souvent globalement positif sur la biodiversité." Voilà qui sonne comme une évidence pour tous les adeptes du bio. Sauf que ladite phrase est extraite d'un rapport de l'Inra. Vous savez, l'Institut national de la recherche agronomique, ce temple du rendement à tout crin, où pendant cinquante ans on n'a eu qu'une obsession : faire produire aux paysans toujours plus à coup de pesticides, d'engrais chimiques et d'abattage systématique des talus et des haies pour laisser la voie libre aux gros tracteurs. Hé bien, miracle, l'Inra vient d'être touché par la grâce du bio. Son rapport intitulé "Agriculture et biodiversité", pondu cet été à la demande de nos ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie, passe en revue tous les bienfaits de la culture bio. Non seulement, comme nous le rappelle l'Inra, c'est un coup de pouce à la fameuse biodiversité mise en avant par le Grenelle de l'environnement, mais produire bio peut s'avérer bénéfique pour le porte-monnaie de l'agriculteur. Et la vingtaine de chercheurs d'expliquer que lorsque l'on arrête d'asperger à tout va de pesticides les insectes pollinisateurs et les tueurs de ravageurs, ils reviennent travailler au champ, ce qui compense la perte de rendement. D'autant que le paysan se ruine moins en achats de cochonneries chimiques.
Porté par un enthousiasme de converti, l'Inra en appelle carrément à réduire le nombre de poulets, cochons et vaches dans les zones d'élevage intensif. Pour les grandes plaines céréalières comme la Beauce, où l'on flirte avec les 75 quintaux l'hectare, la consigne désormais est de lever le pied sur les rendements, et de replanter haies, bosquets... Les ingénieurs de l'Inra en sont même à regretter que l'agriculture biologigue "peine à se développer en France". Tout ça à cause, entre autres, des "politiques publiques insuffisamment incitatives et rémunératrices", comparées aux "soutiens et revenus que peut espérer une exploitation conventionnelle". Et l'on croit rêver quand il est question d'un "effort de recherche trop faible" en agriculture bio. Pourvu que cette conversion ne soit pas biodégradable !
Le Canard enchaîné - mercredi 13 août 2008 |
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