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Sortir de l'uniformisation des prix de paniers

 
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raphael
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MessagePosté le: Dim 07 Oct 2007 12:31    Sujet du message: Sortir de l'uniformisation des prix de paniers Répondre en citant

Denis de l'AMAP de Colombes a écrit:
Dans les Amap nous constatons généralement que les maraîchers travaillent énormément et que, par delà les considérations habituelles sur la « passion du métier », cela pose pas mal de problèmes quant à l'avenir du mouvement des Amap.

Tout d’abord, il n'est pas du tout sûr que le succès des Amap ne suscite des « vocations », comme on le dit parfois. D'une part les maraîchers ne trouvent pas si facilement que ça du personnel pour les aider ; le turn-over est très important, compte tenu des conditions de travail.
D'autre part, les conditions à réunir pour s'installer sont si nombreuses que l'on comprend facilement pourquoi des fermes disparaissent inexorablement pour venir grossir les plus grosses : capital/endettement, formation et savoir-faire, terres, connaissance mécanique, vie hors travail plus que réduite, etc. Tout cela reste vrai en Amap, malgré les nombreux articles élogieux parus dans la presse. Finalement, on se rend compte que les quelques oasis agricoles maintenus par les Amap le sont au prix d'un surtravail, dont il serait abusif de dire qu'il a été librement choisi par l'agriculteur (et son personnel éventuel).

Qui plus est, les agriculteurs qui veulent pratiquer une agriculture « propre » (certifiée ou non) doivent parfois se justifier face à l'agriculture conventionnelle, parce que les produits « bio » ont la réputation d'être élitistes, car plus chers. De même, on sait bien que le mouvement des Amap est parfois accusé d'être « bobo ». On lit très souvent des articles de presse ventant le fait que les prix dans les Amap sont moins chers que le bio en magasin, véhiculant ainsi l’idée que le prix actuellement pratiqués en Amap sont normaux. Et cela, quand ce n’est pas les agriculteurs eux-mêmes qui dénoncent les prix trop élevés de leurs collègues, ou refusent d’augmenter le prix du panier pour rester dans les « standards ».

De tout cela résulte le fait que les prix des paniers sont plutôt bas. De plus, ils sont fixés par imitation vis-à-vis de ce qui se vend ailleurs, et non par rapport à la viabilité de la production à long terme. A charge au paysan de s'y adapter, bien content de trouver des débouchés économiques fiables à son activité.

Tout cela n'est guère satisfaisant. On voit très bien où cette logique des prix nous mène : à l'industrialisation et à la course aux Amap qui va avec.

Or les principes de la charte des Amap reflètent bien ce que l'on entend par l'agriculture paysanne, telle qu’on veut la soutenir par les Amap : « Une production de dimension humaine adaptée aux types de culture et d’élevage » (point n°2), sans compter la référence à la charte de l'agriculture paysanne (point n°1) qui est encore plus explicite, puisque son principe n°1 est de « répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d’agriculteurs d’accéder au métier et d’en vivre ». Et bien sûr, il y a le fameux point n°11 de la charte, qui précise qu' « une AMAP par producteur et par groupe local de consommateurs », ce qui limite forcément les volumes de productions des fermes pour leurs Amap. Il me semble que tout cela est sans ambiguïté sur le projet des Amap, et que ces principes n'ont pas été écrits et acceptés à la légère.

Quant à la course aux Amap… Le prix standard (~15€/panier) étant plus ou moins accepté par tout le monde, le maraîcher en déduit alors le nombre de paniers à produire pour se dégager tel chiffre d’affaire, ce qui peut conduire à multiplier les Amap, les investissements en matériel ou terres, son endettement et ses heures de travail, etc.

Autrement dit, il y a une contradiction flagrante entre pratiquer les prix actuels et les principes fondamentaux des Amap.

A cette situation, il faut ajouter la situation de pénurie des maraîchers, spécialement dans notre région, dans un contexte où des décideurs politiques décrète un développement fulgurant de l' « agriculture biologique », notamment via la restauration dite « collective ». Encore une fois, la seule réponse à cela est l'industrialisation, c'est-à-dire plus de capitaux, de machines, de monocultures, d'intrants, de terres, de subventions, de dettes, etc.

Donc plus de dépossession de chacun de nous vis-à-vis de la production agricole. Et le résultat de cette industrialisation viendra contredire le point n°9 de la charte, « Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations ». De plus, sans être forcément agronome, on comprend que l'industrialisation est difficilement compatible avec une agriculture durable écologiquement parlant. Et plus fondamentalement, les amapiens ne feront tout simplement pas le poids, comme plus généralement les consommateurs dans leur ensemble sont aujourd’hui dépassés par l'infrastructure industrielle qui les nourrit aujourd'hui. Et qu'ils ne contrôlent plus.

Par conséquent, sans sacrifier à une vision bêtement économique rapportant tout à l'argent, il est absurde de défendre les prix actuels, quasi standardisés, tout en prétendant favoriser l'agriculture paysanne.

- Au minimum, il nous faut tenter de rapporter à ce prix du panier les coûts de production, même si cette évaluation est difficile et approximative, et propre à chaque ferme (c’est pourquoi il est absurde de retrouver à peu près les mêmes prix (environ 15€) dans toutes les Amap de la région).
Au sein du réseau IdF, il serait bon que nous nous re-penchions sur ce thème dans le groupe de travail qui avait été ébauché.

- Au mieux, il nous faut sortir de l'économie l'agriculture vivrière, notamment en privilégiant la participation démonétarisée des amapiens aux activités agricoles, comme cela se fait déjà dans la plupart des Amap. Et sans doute aussi, aller beaucoup plus loin pour ce qui concerne l’installation de nouvelles exploitations agricoles, par des « jumelages » à long terme entre quartiers urbains et les fermes qui les nourrissent. Car il me semble que le mouvement des Amap a déjà amorcé une réappropriation de nos conditions de subsistance, et que chaque Amap est très consciente de l'autonomie ainsi acquise.

Denis
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raphael
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MessagePosté le: Dim 07 Oct 2007 12:32    Sujet du message: Répondre en citant

Laurent Marbot a écrit:
Bonjour,
En tant que maraîcher en AMAP, j'apprécie cette vision du problème du prix du panier. Pour préciser, le panier à 10/20 euros généralement pratiqué en IDF correspond sûrement plus à un prix psychologique du consommateur qu'à un reflet réel des prix de productions. Cependant, malgré le manque de données à ce sujet, la valeur absolue du panier ne signifie pas grand chose, le rapport prix/contenu parait plus représentatif, et si le prix n'est plus celui du panier hebdomadaire mais le financement annuel d'une part d'un potentiel de production suivi d'un partage de la récolte proportionnel au nombre de parts. On sort alors de la pression du maraîcher d'avoir un prix du panier à atteindre chaque semaine et de pouvoir s'affranchir totalement du "prix du marché", le prix des légumes est alors directement lié aux investissements et aux rendements. La technicité du maraîcher sera toujours là pour répartir au mieux sur l'année la production, éviter les débordements ou les pénuries, mais avec, je pense , moins de pression que dans le système actuellement pratiqué.
Pour parler pratique, dans mon amap, j'ai commencé par un contrat de 6 mois d'été ^, période durant laquelle j'étais sûr de pouvoir fournir des paniers à 15 euros, le prix correspondant à ceux pratiqués à la boutique à la ferme. Pour moi c'était un test de la démarche amap et du groupe avec lequel je travaille (vanves). Pour l'hiver nous avons relancé un contrat de 3 mois, ayant effectué les récoltes d'automne, je connaissait mon potentiel. J'ai fait une coupure par manque de quantité de légume en mars/avril. Le bilan ayant été positif pour nous tous, la confiance venant, j'ai proposé un contrat d'un an, avec des paniers à 15 euros durant 7 mois et 10 euros les 5 mois d'hiver printemps. J'ai présenté ces prix, mais je les voient plus comme un enveloppe globale annuelle que comme un prix hebdomadaire. De plus étant passé à 100% de ma production pour mon unique amap, je pratique le partage de récolte, la quantité de légumes dans le panier dépend donc directement du rendement.
cependant j'avoue toujours vérifier que le "prix" du panier n'est pas supérieur à celui pratiqué à la vente à la ferme de mon associé.
Il n'est pas évident, même si nous le voulons tous, de sortir de "l'économie de marché" qui nous rappelle tous les jours à l'ordre.
L'objectif pour l'année prochaine est de présenter à l'amap un chiffre d'affaire nécessaire à financer la globalité de la production (main d'oeuvre, investissements annuels et à long terme, semences, fournitures...).Le prix du contrat annuel correspondra alors à une part du CA et le remplissage du panier à une part de la récolte hebdomadaire.
ce modèle déjà utilisé dans certaines amap (peu ?) parait résoudre pas mal de soucis, pour moi il en subsiste deux : la rémunération du travail (salaire, retraite,...) et le financement des investissements à long terme (bâtiments, tracteurs, serres...)
Pour aider la pérennité des amaps, nous avons décider la mise en place du groupe référent charte qui a pour objectif de mutualiser et de partager les bonnes et moins bonnes expériences vécues dans notre système. Il y a beaucoup d'hétérogénéité et donc de richesses dans les différentes amaps, sans nous uniformiser, plus de communications et d'échanges paraissent nécessaires. J'en profite pour recruter pour ce groupe, nous avons besoin de plus de monde pour pouvoir être plus représentatifs des différentes pratiques et bientôt participer à des réunions avec différents groupes dans toute la région.
En ce qui concerne l'intensivité de nos productions maraîchères, C'est un problème très compliqué. Pour ma part, en production labellisée AB, nous avons un certain nombre de limites fixées par un cahier des charges. Cela ne nous empêche pas de nous poser des questions écologiques et éthiques par rapport à nos pratiques. Entre le bio " tout à la main" peu productif, et l'hyper mécanisé, beaucoup plus productif mais vorace en investissement et en énergie la gamme est large et les prix de productions très variables. Je pense que le système amap peut favoriser cette réflexion et éventuellement à trouver un juste compromis. La nécessité de "viabilité économique" nous pousse au rendement, on peut difficilement justifier des prix très élevés qui serait la conséquence de pratiques sans un minimum de mécanisation. A nous tous d'y réfléchir.
Pour conclure, notre principale problème est la spécialisation de notre agriculture (société?). Une production agricole spécialisée s'inscrit dans une ferme qui regroupe ces différentes productions. Un maraîcher seul est engoncé sur ces trois hectares sur lesquels il peut difficilement rentabiliser des investissements, de plus il lui faut trouver de la matière organique à l'extérieur, tandis qu'un éleveur ne sauras quoi en faire... A tous les niveaux (sociaux , économiques, environnementaux...) La mise en commun des différentes productions au sein d'un organisme agricole commun a toujours été le modèle agricole jusqu'à il y a peu, sa dislocation est la cause de la faillite de l'agriculture actuelle.
Est il satisfaisant d'avoir un panier de légumes par semaine? C'est un début, mais il nous faut de l'huile, de la farine, des oeufs, un peu de viande, des fruits,... A nous de recréer ce qui a été détruit
merci à tous de participer a cet espoir que constitue les amaps
Laurent Marbot
paysan de l'Amap de Vanves
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raphael
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MessagePosté le: Dim 07 Oct 2007 12:33    Sujet du message: Répondre en citant

Denis de l'AMAP de Colombes a écrit:
bonjour Laurent,

Cette façon de présenter les choses est très clair : l'amapien finance une
part d'un potentiel de production des légumes (ou autres) qu'il mange.
Ce "potentiel de production" est d'autant moins opaque que l'on se trouve
dans ta situation : 1 ferme pour une Amap.

Je me pose quand même cette grave question depuis quelques temps :

Est-ce que la fonctionnement des Amap n'engendre par un surcout dû au fait:

1- De produire une grande partie de l'année, et de lisser la production
(pour avoir quelque quantité chaque semaine, sans trou), d'où un
investissement en serres. Le coût des serres est en effet assez énorme
(7000-10000€ pour 400m2), sans compter les plastiques à changer tous les 7
ans je crois (coût?).
Et on se souvient que l'étude des stagiaires avait montré que c'était la
surface en serres froides qui discriminait fortement le type de ferme
Amap, son le potentiel de production en volume.
Est-ce que l'on peut avoir un avis des paysans Amap sur cette question des
serres ?

2- De faire de la diversité : nécessité d'avoir plus de matériel. Je
m'explique. Par exemple, une arracheuse de pomme de terre, cela suffirait
à quelqu'un qui est spécialisé que de la p. de terre. Mais le maraîcher
Amap devra sans doute avoir une planteuse (à salade, différentes pour
d'autres plantations, je ne sais pas), un cultirateau, je ne sais quoi
d'autres. Dans ce cas on comprend que des maraîchers spécialisés bien
mécanisés ne restent pas en Amap (ce que l'on a appris à la dernière AG).
Bref le maraîcher Amap se trouve vite à faire plus d'investissement
mécaniques que le maraîcher spécialisé.

Est-ce que j'ai raison en disant cela ?

Si oui, il faudrait sans doute comme tu le dis très bien, replacer la
spécialité maraîchère (qui structure beaucoup l'imaginaire de l'amapien de
base Wink dans un contexte plus large d'activités agricoles complémentaires.
Pour revenir à des structures polyculture-élevage.

Denis

PS :
On n'a guère de recul sur l'élevage Amap en IdF. A ma connaissance il n'y
a que celle de Paris (Louchebem) et celle de Colombes (avec d'ailleurs
échange de fumier/légumes entre notre maraîcher et l'éleveur), et
peut-être aussi au jardins de Cérès...
Il semble qu'on voit encore moins bien comment installer des éleveurs que
des maraîchers. D'ailleurrs, est-ce qu'il ne faudrait pas sortir de
l'imaginaire classique vaches/cochons/moutons pour aller vers des choses
moins lourdes (canard, poules). Je dis ça j'en sais rien.
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Stéphane
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MessagePosté le: Lun 08 Oct 2007 9:56    Sujet du message: Répondre en citant

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